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Etape 17 : TERRADILLOS - CALZADILLA DE LOS HERMANILLOS
Journée du 7 JUIN - 27 Km
LA PLUIE EST REVENUE

La journée commence mal, il pleut et il y a du vent.
De loin en loin ce sont quelques capes de couleur qui balisent un Chemin plat et rectiligne s'étirant pendant au moins 12 Km devant moi.
J'entends, puis je vois un train de voyageurs qui roule à proximité du sentier. Je rêve d'une place assise confortable à l'abri du froid et de la pluie.

SAHAGUN

Je traverse un gros bourg construit en briques.
C'est samedi, il est 9 heures du matin il n'y a personne dans les rues.
Cette ville est d'une grande tristesse. Peut être le mauvais temps y est pour quelque chose.

HÉSITATION

J'ai le moral dans les chaussettes !
En passant audessus de la voie férrée je me dis qu'il y a certainement un train qui pourrait confortablement m'emmener un peu plus loin.
Je ne vais pas caler comme ça ! Non ! je ne vais pas céder au confort et m'abandonner à un manque de volonté. Objectivement mon corps et mon esprit n'ont pas vraiment beaucoup soufferts, en fait je suis prisonnier du Camino !
Je peux aller plus loin.


EN TRAIN OU À PIEDS ?




HADRIEN LE MEXICAIN

J'étais avec Hadrien pour visiter Pampelune. Au hazard des étapes et des gites je le perdais puis le retrouvais. Il partais très tôt le matin, quelques fois je le rattrapais car il marchait assez lentement.
Je savais qu'il était américain d'origine mexicaine et qu'il vivait au Texas. Jusqu'à présent nous n'avions pu échanger que des considérations sur la météorologie ou sur l'état du chemin et de nos pieds ! On s'apprivoisait !
Nous sommes arrivés ensemble à Calzadilla à l'ouverture (13h) de l'Albergue municipale.
C'est encore un coin perdu dans la meseta tout juste ravitaillé par les cigognes. Nous avons partagé notre déjeuner avec ce que nous avions pu acheter à l'épicerie locale.
Après avoir lavé mon petit linge et fait une bonne sieste j'ai invité Hadrien à venir prendre une bière au petit bar du bout du village. J'étais curieux de savoir comment il vivait son intégration aux USA.

IL VOYAIT SON PÈRE COMME UN DIEU

C'est son père qui avait réussi à passer clandestinement aux USA puis il avait fait l'exploit d'y faire venir sa famille.
Adolescent, Hadrien vénérait son père. Plus tard son dieu est tombé de son piédestal quand il l'a vu tous les jours avachi devant sa télévision sirotant des bières.
Hadrien m'expliqua qu'il vivait dans le ghetto de sa communauté méxicaine. Il était très critique car il voyait que celle-ci cherchait plus à recevoir des aides municipales pour s'acheter sans effort voitures ou télés sans vouloir réellement s'intégrer au pays d'accueil.
En faisant le Camino, Hadrien voulait être différent et se prouver à lui même et à sa communauté qu'il était capable de faire autre chose.
Il observe le monde, il a un projet politique qu'il compte développer à son retour au Texas.