ÉTAPE 15 : SERRE de LACAN - SALTEBOUC

LES CÉVENNES

Qui mieux qu'André Chamson pouvait décrire ainsi les Cévennes :
"C'est un déferlement de hautes vagues figées dans le ciel et qui roulent vers la mer dont la courbure lointaine emplit l'horizon. Chacune de ces vagues est montagne, chacun de ces trous d'ombre est une vallée".


LA NATURE AURAIT ELLE COPIÉ GIACOMETTI ... ?

Nous marchons dans ce bois avant St Germain de Calberte où les troncs se dressent en bordure du sentier.
L'un d'entre eux attire notre attention car de loin, à s'y méprendre, il apparait comme une statue longiligne crée par Giacometti.
Unanimement nous avons eu l'illusion de renconter le célèbre "homme qui marche" !


AUTREFOIS LES CHAMPS EN TERRASSE ÉTAIENT RÉSERVÉS AUX MURIERS

Le paysage reste marqué par son exploitation passée en terrasses pour la culture des vignes, des oliviers, des châtaigniers et des mûriers.
Au XIIIe siècle dans tout le Languedoc, et notamment dans les Cévennes, presque chaque famille "éduque le ver et tire son fil". Le fil brut est alors vendu à des négociants. L'étape du moulinage, puis du tissage, a lieu dans les villes de la plaine.
La prospérité des élevages de vers à soie connaît son apogée lors de la première moitié du XIXe siècle. L'âge d'or de la soie cévenole va cependant prendre fin brutalement.
Des élevages entiers de vers sont dévastés par une maladie : la pébrine.
Baisse inéluctable de la production de la soie, exode des soyeux, dégénérescence des mûriers, agonie des châtaigneraies : les Cévennes ne se remettent pas du déclin de cette industrie, dont les derniers soubresauts remontent aux années cinquante. Avec la soie, la vie s'en est allée des vallées cévenoles.

SAINT GERMAIN DE CALBERTE

AU COEUR DES CEVENNES HISTORIQUES

A St Germain de Calberte nous y retrouvons tous les éléments cévenols les plus caractéristiques :
- c'est une zone de culture protestante où s'est déroulée la révolte des Camisards,
- c'est sur une terre schisteuse traversée par des Gardons, où se cultivaient châtaigniers et s'éduquaient les vers à soie,
- c'est un lieu où l'on produit toujours des pélardons (fromage de chèvre AOC) et où les maisons possèdent des toits de lauzes et des murs de schistes.


UN PAYS DE RÉSISTANTS QUI SUT CACHER DES ENFANTS JUIFS

Plusieurs maquis anti fascistes allemands ont vu le jour dans la région et causèrent des pertes dans les troupes occupantes.

La ville de Saint Germain de Calberte, comme d'autres villages des Cévennes, s'est distinguée par l'exemplarité de son accueil des réfugiés étrangers qui fuyaient l'Europe centrale.
De nombreux Juifs sont venus y trouver réfuge et se cacher dans le pays cévenol où la population a été bien veillante à leur égard.
Les pasteurs protestants ont été pour beaucoup dans l'intégration des nouveaux venus dans un monde rural que les réfugiés ne connaissaient pas.
Avec discrétion les enfants ont pu aller à l'école du village, mais ils ont été aussi cachés lorsqu'il était nécessaire d'être invisibles de l'occupant ou des envoyés du gouvernement de Vichy.

HAMEAU de SALTEBOUC : CHEZ ISABELLE

UN GITE ISOLÉ D'ACCÈS DIFFICILE

Le fléchage était clair depuis la route, il fallait continuer tout droit jusqu'au gué puis le franchir. Il y avait des traces de pneus de passage d'un véhicule donc il n'y avait pas de problême !
Très vite la piste ne devient plus carrosable, le chemin grimpe, il est mal empierré et bientôt ce n'est plus qu'une sente. Arrivé à une patte d'oie il n'y a plus d'indication ... nous avons un doute sur l'interprétation de notre itinéraire pour atteindre le gite. C'est d'autant plus étrange que nous voyons pas trop comment la "Malle Postale" allait pouvoir livrer notre valise...
Un coup de fil avec l'un de nos portables nous confirme qu'il faut continuer à monter un peu plus haut à gauche pour atteindre la propriété.

LA MAISON CEVENOLE D'ISABELLE

Nous arrivons à une ancienne maison cévenole qui a été restaurée par Isabelle.
Elle nous attend, sur une belle terrasse couverte d'une treille, avec une boisson d'accueil. Après un bavardage et la visite des lieux pour découvrir nos jolies chambres, nous sommes de plus en plus impatients de connaitre le sort réservé à notre valise.
C'est dans une vieille Lada 4X4 qu'Isabelle me conduit à plus d'1 km de là par un autre chemin cahoteux jusqu'à un grand container en plastique point de stockage de la valise.
Le soir c'est sur la terrasse que nous aurons le plaisir de prendre le diner préparé par notre hôte du jour.

Pendant le repas nous avons demandé à Isabelle les raisons de son choix pour ce lieu perdu dans les Cévennes.
Isabelle nous a répondu qu'elle avait voulu fuir la ville et habiter pour sa retraite dans un lieu proche de la nature avec un horizon ouvert sur la montagne. Par ailleurs elle devait être à moins de 2h envoiture de la cote méditerranéenne où habitent ses parents.
Après des recherches dans le périmètre défini Isabelle est tombée amoureuse de ce mas cévenol qu'il sufisait de restaurer (avec courage et ténacité) pour en faire un petit paradis de vie.