UN MOMENT D'INQUIÉTUDE POUR MONTER À BORD

Notre départ était prévu pour 18h00, puis retardé pour 19h30, le train est arrivé sliencieusement à 0h30 en gare de M'BEYA en provenance de la Zambie.
C'était la nuit noire, hormis nous il n'y avait personne sur le quai, nous avons eu un moment d'inquiétude car n'arrivions pas à ouvrir la porte du wagon, celle-ci était verrouillée de l'intérieur. Il nous fallut être patients ... pour accéder à nos compartiments de 6 couchettes, puis pour charger et glisser difficilement nos valises sous les banquettes.
Une demie heure plus tard le train roulait enfin, nous brinqueballant sans aucune douceur. Le doux confort d'un train Pullman n'était à l'ordre du jour !

LA VIE À BORD DU TAZARA

Dans la chaleur de la nuit, dans un compartiment non ventité nous avons peu dormi, en plus, à chaque démarrage de gare, nous étions très secoués par les violents soubresauts d'amortisseurs hors d'usage.
Au petit matin nous nous sommes retrouvés au wagon restaurant pour un déjeuner à base de toasts et de crèpes accompagnant un délicieux thé massala.
Plus tard dans la journée les repas étaient servis après un lavage des mains sur place. La nourriture était copieuse et variée. Service correct !

GÉOPOLITIQUE : UN TRAIN CONSTRUIT PAR LES CHINOIS

Cette ligne de chemin de fer de 1860 Km a été construite en 1970 par les chinois pour fournir à la Zambie une voie stratégique jusqu'à la mer.
Mais en filigrane c'est surtout pour renforcer l'alliance entre la Chine et les pays décolonisés d'Afrique noire et pour accesoirement réduire l'influence économique de l'Afrique du Sud sur ces nouveaux territoires récemment indépendants de l'Afrique australe.
Cette ligne est dédiée au transport des marchandises (cuivre) de la Zambie vers le port de Dar-es-Salam avec en retour l'importation des produits pétroliers et des biens de consommation.
Accesoirement un service de transport des voyageurs a été mis en place 2 fois par semaine.

UNE LIGNE DE VIE POUR LES POPULATIONS LOCALES

Cette zone de hautes terres du Sud de la Tanzanie est rarement visitée parcequ'elle est éloignée des centres de l'activité touristique du pays.
La ligne de chemin de fer est devenue maintenant une véritable ligne de vie pour les populations locales
Ce cordon ombilical reliant les 2 nouvelles nations noires émergeantes a permis de dynamiser le développement d'un couloir économique avec la création d'usines, de papèteries auxquelles s'ajoute un commerce local où les paysans vendent leurs récoltes tandis que les passagers y dépensent quelques devises..

UN SPECTACLE AUX ARRETS DU TRAIN

De nombreuses haltes pontuent la ligne du chemin de fer. C'est un spectacle aux arrets où les voyageurs, les vendeurs et les acheteurs se mélangent dans une agitation collective autour des wagons. Les enfants courent, nous crient des messages incompréhensibles. Cela permet de passer le temps ce voyage qui n'en finit pas.
La 2ème nuit arriva vers 19h, après un diner (omelette, riz et banane) je fis une partie de belote pour passer le temps et pour éloigner le moment où j'irai me faire secouer dans ma couchette sans vraiment dormir d'un sommeil réparateur.

ARRIVÉE EN DOUCEUR.... AVEC 6 HEURES DE RETARD !

Avant le lever du soleil, le chef de train vint frapper à la porte de nos compartiments pour nous annoncer que nous allions bientôt arriver. Ce fut la surprise générale dans la torpeur d'une fin de nuit moite.
En moins de 20 minutes nous nous préparons et rapidement de nombreuses personnes circulent dans le couloir encombré de paquets divers.
Après 2 courts arrets en rase campagne et un peu d'attente, notre convoi repart doucement pour atteindre en douceur le quai de la gare de Dar- es -Salam avec 6 bonnes heures de retard !.
Il y a beaucoup de monde sur le quai, et c'est un peu la cohue.
Soudain des policiers nous divisent en 2 groupes, le premier file en courant pour atteindre la sortie, tandis que nous sommes bloqués dans le deuxième groupe où un policier nous ordonne de nous aligner derrière nos valises puis de reculer de 2 pas en arrière.
Finalement nous voyons arriver un "maitre-chien" et son chien. L'animal se met immédiatement à renifler nos sacs afin de débusquer des substances interdites. Tout se passe bien, nous pouvons sortir de la gare.